Pour qui, ce fichier ?

Il ne s’adresse pas aux élèves débordants d’imagination, qui jouent couramment avec les formes et les couleurs. Ceux-là ont toujours plaisir à dessiner, leur motivation est toujours présente pour créer, ils sont capables d’innovation, et leur inspiration est sans cesse renouvelée.
Mais bien des enfants, en particulier au moment de la « crise de réalisme », ne sont pas satisfaits de ce qu’ils produisent, et délaissent peu à peu ce moyen d’expression. Ils disent : « Moi, je n’aime pas dessiner. » ou, ce qui revient au même : « Moi, je dessine mal. » Et leurs productions, peu valorisées, deviennent de plus en plus rares. Le fichier, en supprimant le blocage de la page blanche et en éliminant les clichés, leur permettra une réalisation intéressante.
D’autre part, il y a les élèves dits « doués en dessin », qui ont un domaine de réussite reconnu, valorisé par les autres (et surtout par les adultes), dans lequel ils ont tendance à s’enfermer, dessinant toujours le même type de petite fille qui cueille des fleurs, et à qui les copains finissent par dire : « Ça ressemble drôlement à ton dessin de la semaine dernière ! » Ceux-là aussi utiliseront le fichier avec profit, quand ils vont s’apercevoir qu’il leur permet d’élargir leur domaine d’expression graphique.

Comment utiliser le fichier ?

Le présentoir avec toutes les fiches est bien sûr installé en permanence dans la classe, à la disposition de chacun. (Des photocopies des trames, au format A4 ou même A3, peuvent être tirées à l’avance, et disponibles en permanence.) Mais surtout, au moment des ateliers artistiques, par exemple, si un enfant fait un peu la grimace, on peut lui suggérer : « Si tu cherchais une idée dans le fichier ? »
En général, il va feuilleter les fiches, regarder les rectos (incitations), et en voyant ce qu’on peut faire à partir de là, il va tomber en arrêt en disant : « Ah ça, oui, je pourrais le faire ! »
Il y a un point de départ, une idée de forme, une trame, ça paraît facile… Et puis ce n’est pas figuratif, c’est moins impliquant que de prétendre au réalisme. (Combien de gamins ont cessé de dessiner quand on leur a dit : « Pas mal, ton chameau ! » alors qu’ils avaient voulu dessiner un cheval !)
À partir de là, l’enfant va commencer le plus souvent par imiter la fiche, recto ou verso. Il est important qu’il puisse jouer avec les formes et les couleurs, librement, sans blocages, et qu’il arrive à obtenir un résultat dont il se sente satisfait au moment de la présentation aux autres.

Et ça évolue…

Après quelque temps d’utilisation en classe, le fichier est reconnu comme un outil qui permet de « dessiner autre chose » ou « dessiner autrement ». Et la pratique va se modifier : la fiche sera de plus en plus un point de départ dont on va vite s’écarter, pour des réalisations plus originales, plus complexes, plus riches.
Le verso des fiches présente différentes réalisations obtenues à partir d’un même point de départ. Certains dessins se contentent d’être décoratifs, d’autres se veulent plus personnels, plus expressifs. Le maître pourra les présenter aux enfants pour faire évoluer leur travail, enrichir leurs productions…
Les premiers dessins sont souvent, pour une part importante, le résultat du hasard. Il serait dommage de s’en satisfaire : si l’on veut obtenir des réalisations artistiques intéressantes, l’enfant doit pouvoir reprendre son travail. Il faudra alors lui proposer des formats et des supports différents, des outils et des matériaux variés.

Autre utilisation

Quelquefois, c’est au niveau de l’ensemble de la classe que l’enseignant souhaite intervenir. Le fichier sera utilisé comme déclencheur, pour passer à autre chose, quand on a l’impression de tourner en rond, de ne pas évoluer, de retrouver toujours le même type de production.
À un moment de travail collectif, on étale les fiches sur les tables, on choisit, on discute, on propose. Chacun va travailler à partir d’une fiche qui lui aura plu ( et au fur et à mesure des productions de chacun on présentera, on commentera…
Parfois on partira tous d’une même idée ; le recto de la fiche est alors présenté au tableau ou, s’il s’agit d’une trame, photocopié et distribué à chacun.
Quels qu’en soient la forme et le déroulement, le travail devrait comporter une phase de découverte, une phase de recherche, et déboucher sur la réalisation d’une création originale.

Il s’agit seulement d’ateliers  » Graphismes  » ?

Les exemples proposés sont en noir et blanc (pour des raisons matérielles.) À l’usage on se rend compte que cet outil développe en particulier le travail sur les formes, l’utilisation de l’espace, le fini du détail (voir par exemple dans le catalogue les cartes postales « Graphismes d’enfants » ).
Mais les enfants ne se priveront bien sûr pas de faire tout ce travail en couleur (s’y prêtent très bien en particulier les fiches « Trames », « Entrelacs », « Quadrillages »…)
Et pourquoi ne pas compléter le fichier par des fiches proposées par les enfants, à partir de créations originales ?